La maladie cœliaque touche en Europe environ 0.5% de la population (voir mon article Les chiffres de la maladie cœliaque en France pour le détail et la méthode de calcul). Il s'agit cependant d'une maladie mal connue du grand public. On parle souvent d'intolérance au gluten, mais il s'agit véritablement d'une maladie du système immunitaire qui nécessite un régime sans gluten strict. Il existe aussi la sensibilité au gluten, qui n'est pas liée aux défenses immunitaires mais présente des symptômes proches. Je vous donne des détails dessus en fin d'article.

Symptômes de la maladie cœliaque

Symptômes digestifs

L'intolérance au gluten est une maladie qui touche le système digestif. On pense donc naturellement en premier lieu à des manifestations liées à la nutrition. Les symptômes les plus courants sont :

  • Diarrhées
  • Ballonnements
  • Vomissements

Des pertes de poids, constipations et signe d'anorexie sont également mentionnés. Bref tout un tas de joyeusetés, mais qui doivent être mentionnées.

Si on jette un coup d’œil à l'intestin grêle, une personne cœliaque consommant régulièrement du gluten présentera une atrophie des villosités intestinales. Qu'est-ce? Il s'agit de la surface de l'intestin qui présente en temps normal de nombreux reliefs, on compare souvent ces formes à des petits poils. Ceux-ci participent à la digestion et la consommation de gluten entraîne leur atrophie progressive. On comprend donc facilement l'existence de troubles digestifs.

Cependant, seulement 40 à 50% des personnes cœliaques présentent des symptômes liés à la nutrition.

Autres symptômes

Depuis les années 2000, de nombreux autres symptômes sont petit à petit associés à la maladie cœliaque. Parmi eux on peut citer :

  • Diminution de la densité osseuse
  • carences en fer et en vitamine B9
  • fatigue chronique
  • faiblesse générale
  • Chez les enfants : retards de croissance

Les personnes cœliaques sans symptômes gastro-entérologiques sont souvent diagnostiquées à la suite de dépistages. Cependant ces autres symptômes sont de plus en plus considérés par les médecins pour détecter une maladie cœliaque silencieuse.

Rassurez vous, observer un régime sans gluten strict permet d'éliminer les risques d'autres maladies liées à l'intolérance au gluten. Être cœliaque n'augmente donc pas la mortalité si on suit son régime sans gluten.

Comment savoir si je suis cœliaque ?

Si vous avez des symptômes cités plus hauts ou que vous êtes dans les catégories à risque :

  • parent au premier degré d'une personne cœliaque,
  • diabétique de type 1,
  • personne atteinte du syndrome de Down,
  • personne souffrant d'autres maladies auto-immunes.

Il existe d'autres catégories de personnes à risque, à retrouver dans cet article en libre accès par exemple.

La première étape sera sans doute la sérologie des anticorps (igA et igG pour leur petit nom). La présence de ces anticorps est quasiment 100% spécifique à la maladie cœliaque. Leur présence incite donc à la réalisation d'une biopsie de l'intestin pour finaliser le diagnostic.

Le typage des gènes codant les protéines HLA-DQ2 et HLQ-DQ8 peut permettre d'orienter le diagnostic vers une autre maladie. En effet 98% des cœliaques présentent les allèles variants. En leur absence on considère donc très improbable d'être intolérant au gluten. Cette méthode est utilisée chez des patients dont la biopsie ou le dosage des anticorps ne permet pas de conclure, ou si le régime sans gluten a déjà été commencé.

Certaines études tendent à montrer que seulement 25% des personnes cœliaques sont diagnostiquées. Une maladie cœliaque non détectée, c'est un régime sans gluten nécessaire mais non suivi. Ceci peut avoir des conséquences sur la santé à long terme. Il est donc important de consulter un spécialiste en cas de doute.

La sensibilité au gluten

Certaines personnes non cœliaques souffrent tout de même de symptômes similaires. Il s'agit de la sensibilité au gluten, une affection encore discutée par la communauté scientifique.

La sensibilité à un aliment est définie comme l'existence de "réactions en partie immunitaires à l'ingestion de certains nutriments". La sensibilité non-cœliaque au gluten en est un exemple. Cependant les personnes souffrant de sensibilité au gluten ne présentent ni les anticorps, ni les allèles mis en causes dans la maladie cœliaque. Le fait de retirer complètement le gluten de l'alimentation permet pourtant d'éliminer très rapidement les troubles digestifs chez les personnes atteintes.

La communauté médicale n'est pas encore fixée sur l'origine de la sensibilité au gluten, ni même la validité du terme. Mais de nombreuses études ont été menées ces dernières années et le domaine de recherche est très actif.

La sensibilité au gluten est à distinguer du syndrome de l'intestin irritable, une autre affection digestive mais sans aucun lien avec l'ingestion de gluten.

Sources

Je base toutes mes recherches sur la lecture d'articles scientifiques publiés dans des revues reconnues ou des minutes de conférences. Voici la liste des articles dont je me suis servie, avec des liens lorsque les articles sont en accès libre, ou les abstract dans le cas contraire.

  1. Collin P, Reunala T, Pukkala E, Laippala P, Keyrilainen O, Pasternack A. Coeliac disease-associated disorders and survival. Gut 1994; 35: 1215–18
  2. Kaukinen K, Partanen J, Maki M, Collin P. HLA-DQ typing in the diagnosis of celiac disease. Am J Gastroenterol 2002; 97: 695–99
  3. Celiac Disease - Alessio Fasano, M.D., and Carlo Catassi, M.D., M.P.H., 2012.
  4. Immunogénétique de la maladie cœliaque - P. Roujon a, G. Guidicelli a, J.-F. Moreau a, b, J.-L. Taupin, 2013.
  5. Nonceliac Gluten Sensitivity - Alessio Fasano, Anna Sapone, Victor Zevallos, Detlef Schuppan, 2015.

Une grande partie des informations présentées dans cet article proviennent de la review suivante : Coeliac disease, Peter H R Green, Bana Jabri.

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